Une litière 100 % bois déchiqueté à l’essai pour des vaches laitières
La ferme de La Blanche Maison a testé l’utilisation d’une litière composée de bois déchiqueté, sans incidence négative ni sur la qualité du lait, ni sur les boiteries.
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L’hiver dernier, la ferme expérimentale de La Blanche Maison, à Pont-Hébert (Manche), a comparé des litières composées de bois bocager déchiqueté et de paille pour ses 90 laitières. Renouvelée cet hiver, l’expérimentation a confirmé les enjeux sanitaires et mit évidence celui de disponibilité de la ressource. « La paille utilisée pour l’élevage est quasiment intégralement achetée ici, explique la gestionnaire de projets de recherche et de développement à la ferme expérimentale, Flore Lepeltier. L’exploitation comptant seize kilomètres de haies, il nous a semblé naturel de tester cette utilisation. »
Travaillée quotidiennement au vibroculteur
Du 31 octobre 2023 au 26 février 2024, les 90 normandes en lactation ont été réparties en deux lots. D’un côté, une litière de 30 cm d’épaisseur de bois déchiqueté a été installée, représentant 3 m³ par vache laitière. De l’autre, une litière paille classique. Quelque 11 m² de surface de couchage étaient disponibles par animal pour chacun des lots. Préparées au printemps, les plaquettes mesurant de un à huit centimètres ont séché pendant cinq mois sous hangar. Sans ajout ultérieur, le bois déchiqueté a été travaillé quotidiennement avec un vibroculteur, après la traite, lorsque les animaux étaient au cornadis. Ceux-ci étant jugés trop sales, un curage a été réalisé au 4 janvier. Le deuxième lot de laitières a été logé sur un paillot auquel était ajouté environ 10 kg de paille par animal et par jour, et qui a fait l’objet de quatre renouvellements au cours de l’essai.
« Sur les échantillons de lait prélevés deux fois par semaine, aucune différence significative n’a été constatée concernant la production laitière et les taux », indique Raphaël Bore, chargé d’étude à l’Institut de l’élevage. Dans cette stabulation ouverte, le bois a chauffé un peu plus longtemps que la paille dans le premier mois, sans toutefois dépasser les 36°. Puis, sa température a évolué parallèlement à celles relevées à l’extérieur.
Une ressource insuffisante
Grâce aux colliers incluant un accéléromètre, la comparaison des temps de repos et d’alimentation a fait apparaître des comportements identiques. Aucune différence n’a été constatée du côté des pathologies des pattes ou boiteries, si ce n’est des pattes un peu plus propres du côté du bois.
« Avec un coût de 47 euros par tonne de plaquette, les deux matériaux reviennent au même prix sur l’hiver 2023-2024 », ajoute Flore Lepeltier. Quelque 48 tonnes de paille ont été consommées, tandis que 101 tonnes de bois étaient utilisées pour l’autre lot, soit 21 kg par animal par jour. Elle alerte : « Avec 128 tonnes récoltées à 19 % d’humidité, les quantités disponibles étaient insuffisantes pour couvrir les besoins d’un troupeau entier. » Le contexte de l’hiver humide de 2023-2024 contraignant à un curage à mi-essai a accentué ce déficit. Aussi, les conseillers recommandent de réaliser au préalable un plan de gestion des haies de l’exploitation pour estimer la ressource disponible pour la litière. Ils soulignent également les concurrences de cet usage avec d’autres débouchés attractifs pour le bois.
En termes d’astreinte, les plaquettes ont mobilisé vingt heures de travail sur l’ensemble de la période contre 32 heures pour la paille. L’accroissement du temps consacré au nettoyage des mamelles du lot sur bois a été évalué à huit secondes par animal par traite. La qualité du nettoyage en salle de traite s’avère ici une des clefs de la maîtrise sanitaire pour ce type d’animaux à forts enjeux qualité du lait.
Les litières ont été épandues sur prairie et leurs effets sur la fertilité seront suivis. Dans la stabulation des laitières, l’expérimentation est renouvelée cet hiver. Ses résultats sont attendus l’été prochain.
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